A priori, on ne pense pas tout de suite à se rendre en Amazonie quand on prépare un voyage au Pérou… C’est une erreur pour plusieurs raisons :
– Plus de la moitié du territoire péruvien est occupée par la forêt amazonienne. Si énorme que cela paraisse, l’Amazonie péruvienne ne représente pourtant que 16% de la totalité du bassin amazonien!
– La biodiversité incroyable du Pérou se concentre surtout dans les territoires occupés par la forêt. Le Pérou compte plus d’espèces d’oiseaux (1800) qu’aucun autre pays. 20% des espèces de papillons au monde vivent dans ces territoires. Ne parlons même pas de la diversité en matière de mammifères, poissons, amphibiens…
– Le Pérou fait de notables efforts pour protéger son patrimoine naturel. Le parc Manu, par exemple, est divisé en trois zones rigoureusement gérées. Le Parc National proprement dit, où vivent des peuplades indiennes en complète autarcie, n’est accessible qu’aux chercheurs sur autorisation.
Maintenant que vous savez pourquoi y aller, reste à savoir exactement où. En effet, il y a trois grandes possibilités pour se rendre en forêt amazonienne péruvienne :
– Aller au nord du Pérou à Iquitos : nous n’avons pas du tout envisagé cette possibilité car elle représentait un détour trop important dans notre voyage.
– Aller au sud du Pérou au parc national Manu : c’est la possibilité que nous avons le plus explorée… et finalement nous ne l’avons pas choisie.
Pendant longtemps, nous avons privilégié cette solution pour la simple raison que le parc Manu est relativement proche (192 km) de Cusco, ville où nous nous rendions de toutes façons. De plus, le parc Manu est classé depuis 1973 Patrimoine Culturel de l’Humanité par l’Unesco et présente une biodiversité unique au monde.
Pourquoi n’y sommes-nous finalement pas allées?
1) Le prix : nous avons visité les sites de différents lodges et avons également demandé les prix sur place. Conclusion : les lodges au parc de Manu sont beaucoup plus chers qu’ailleurs. Les prix partent de $400 pour le plus court des séjours (trois jours deux nuits), qui n’en vaut pas vraiment la peine pour deux raisons. De un, vous passez plus de temps dans les transports pour aller de Cusco au parc que sur place et de deux, il ne permet pas de s’enfoncer bien loin dans le parc, ce qui diminue vos chances de voir des animaux. Comptez au minimum 5 jours pour un séjour dans le parc Manu, sinon ça n’en vaut pas la peine.
2) L’accès: la seule façon* d’aller au parc de Manu est la route qui le relie à Cusco. Route est un bien grand mot (nous l’avons faite pour nous rendre à Paucartambo) : c’est surtout une piste couverte de caillasse qui longe des précipices impressionnants. Vous pourriez être tenté-e de faire le trajet en bus local pour faire des économies : évitez cette solution dangereuse! Les accidents de car sont malheureusement courants au Pérou : en cause, la somnolence des chauffeurs couplée à l’état de délabrement de la route et de certains véhicules…
Le car peut se prendre pour certains trajets (la route Cusco-Puno par exemple) moins dangereux mais certainement pas celui-là.
* apparemment, certains tour opérateurs proposent aussi de faire le trajet en avion de tourisme.
– Aller au sud-est du Pérou, près de la frontière bolivienne : la réserve nationale de Tambopata comprend une grosse partie de la forêt pluviale de plaine le long de la rive sud du fleuve Tambopata. Comme le parc Manu, la réserve est réputée pour sa biodiversité : plus de 600 espèces d’oiseaux, 200 de poissons, 160 de reptiles et d’amphibiens et plus de 1200 espèces de papillons!
C’est cette solution que nous avons choisie et nous l’avons adorée.
L’accès est très facile car il existe un aéroport dans la seule ville du coin, à savoir Puerto Maldonado. Cette cité n’a absolument aucun charme : son avantage est de servir de point de rendez-vous avec les tours opérateurs qui vous emmèneront dans les lodges environnants.
Nous avions choisi Inka Natura qui proposait des séjours au Sandoval Lake Lodge. Nous vous recommandons chaudement l’endroit!
En effet, le lac Sandoval est à l’écart de toute civilisation : pour y accéder, nous avons d’abord voyagé dans un bateau à moteur, puis avons marché une demi-heure pour enfin traverser le lac en pirogue car il est protégé, aucun engin motorisé ne peut y circuler. Vous serez accueilli par les loutres géantes qui y vivent en toute tranquillité.
Le lodge est donc au coeur d’un endroit totalement reculé et absolument splendide : vous y vivrez vos plus beaux couchers de soleil…
Au niveau des prestations hôtelières, le Sandoval Lake Lodge est irréprochable. La cuisine est excellente, variée et valorise les produits locaux. Le personnel est prévenant et les installations très confortables.
Le séjour comprend l’accompagnement du groupe par un guide qui vous accompagne pendant la journée, vous emmène en balade au lever et au coucher du soleil pour essayer de trouver les animaux et vous les montrer. Une petite astuce : au début du séjour, on vous demandera si vous préférez être dans le groupe anglophone ou hispanophone. Nous vous conseillons – si vous comprenez (et parlez un peu) l’espagnol – de choisir le groupe hispanophone. En général, le groupe anglophone comprend davantage de membres (Américains, Européens… ne parlant pas espagnol) et risque d’être plus bruyant. Or rester silencieux est essentiel pour l’observation des animaux. Rassurez-vous, il ne faut pas être un expert en vocabulaire animalier pour comprendre les explications : les guides s’aident de manuels reprenant des photographies ou des dessins avec les noms des animaux traduits en plusieurs langues.
Nous avions choisi une formule 4 jours/3 nuits : a posteriori, c’est un peu court tellement l’endroit a de charme. Mais cela nous a suffit pour voir beaucoup d’animaux, comme vous pouvez le voir avec cette vidéo (sans compter le fourmilier, les perroquets et les innombrables papillons qui ont obstinément refusé de prendre la pose…).
PS : Vous excuserez la qualité des images qui bougent parfois beaucoup. Mais nous ne sommes pas vidéastes et étions à bord d’un bateau…
Prochain épisode : la cuisine péruvienne