Y aller ou pas
Mercredi 18 mars 2015, le musée du Bardo de Tunis était l’objet d’un attentat terroriste. Après avoir essayé d’attaquer l’Assemblée des représentants du peuple, les attaquants se sont repliés sur ce magnifique musée pour y achever leur oeuvre de destruction. Plus d’une vingtaine de personnes ont été tuées dans l’attaque, dont de nombreux touristes.
Le groupe italien Costa Croisières ainsi que le croisiériste italien MSC ont annoncé jeudi l’annulation de toutes escales de navires prévues à Tunis. Cela préfigurerait-il une baisse de la fréquentation touristique de la Tunisie? Ce serait dramatique pour ce pays dont la première ressource économique n’est autre… que le tourisme.
Alors, y aller ou pas?
Les conseilleurs sont rarement les payeurs et c’est quand il arrive quelque chose à l’un de nos proches que l’on se dit : “Mais pourquoi fallait-il qu’il ou elle y aille ?”. Néanmoins, voici ma contribution à ce débat avec la petite histoire suivante.
Nous sommes allés en Egypte au mois de novembre 2014 : après une semaine de croisière plongée, nous avions décidé de découvrir les magnifiques sites archéologiques de la vallée du Nil. Arrivés à Louxor, nous nous sommes plongés dans les visites sans plus attendre. Au programme, la découverte du mythique site de Karnak. Sur place, sidération totale devant ce magnifique site que nous avons eu presque pour nous tous seuls. De rares touristes découvraient ébahis comme nous la splendeur de ces ruines désertées. “Quelle aubaine”, avons-nous pensé.
Plus tard, en naviguant sur le Nil, notre guide nous a montré une grappe d’immenses bateaux de croisière amarrés, à côté desquels notre embarcation semblait bien chétive. “Avant ces bateaux étaient remplis et travaillaient presque toute l’année. Maintenant ils restent là, il n’y a plus de clients.” Malaise. Le lendemain, lors du buffet de petit déjeuner, nous n’avons pu que constater le vide de la grande salle à manger de notre hôtel à moitié condamnée faute de clients, sans parler des étages fermés et du personnel renvoyé.
Ne pas y aller a des conséquences non négligeables sur l’économie des pays ainsi évités. Conséquences d’autant plus dommageables que la réussite économique personnelle – avec l’éducation – est la façon la plus efficace de détourner les populations des mirages de l’extrémisme.
Voyager tout comme n’importe quelle activité comporte sa part de danger. Une information correcte sur les éventuels risques encourus est essentielle ; au-delà, il appartient à chacun de prendre sa décision.
Mais gardons à l’esprit que ne pas y aller peut être aussi un choix lourd de conséquences.